LE PROJET GUNGU

Tout comme au plateau Bateke, les populations de la région de Gungu (Province de Kwilu) vivent de l’exploitation des forêts et des cultures sur les sols fertiles libérés par la déforestation.  Pour faire face à la raréfaction des ressources forestières, l’activité agricole s’est déplacée vers les savanes. C’est une agriculture de subsistance essentiellement entreprise de manière manuelle par les femmes traditionnellement, et qui n’a pas fait l’objet d’adaptations techniques garantissant des rendements suffisants pour satisfaire les besoins alimentaires de la population grandissante.

Dans ce contexte, le Projet Gungu a été lancé en 2009 avec pour objectif d’améliorer la sécurité alimentaire et de lutter contre la pauvreté des populations du Territoire de Gungu. Le Projet développe un programme d’agroforesterie en milieu paysan pour mettre en culture des espaces de savanes, ce qui assure une durabilité des productions agricoles et donc des revenus des producteurs grâce à l’impact fertilisant  des acacias sur le sol (apports de matière organique et d’azote). Comme mentionné précédemment, les pratiques agricoles qui font suite à l’exploitation des arbres garantissent le renouvellement de la forêt grâce à une dynamique de régénérescence des arbres par semis naturel induite et contrôlée par l’agriculteur (régénération naturelle assistée).

Dans sa première phase (2009-2012), le Projet s’est appuyé sur deux ONG locales, le Comité Paroissial de Développement d’Aten (CPDA) et l’Equipe de Développement Rural pour le Développement Intégré (EARDI), pour sensibiliser et mobiliser les autorités coutumières et la population du Territoire afin d’ouvrir les premiers sites agroforestiers de la région. Durant cette période, des sites agroforestiers ont été ouverts dans 40 villages, impliquant chacun sur des terres villageoises 10 à 15 familles de cultivateurs issues de la communauté du village. Au total, environ 1000 hectares ont été boisés en acacias.

Dans sa seconde phase (2013-2017), nos deux partenaires ont continué d’encadrer ces sites, tandis que la collaboration a été élargie avec 6 Secteurs du Territoire pour l’ouverture de sites dans 20 nouveaux villages, et par là même le boisement d’une surface totale de 550 hectares de savane. Actuellement, plus de 500 familles d’agriculteurs du Territoire de Gungu regroupées en 45 communautés villageoises sont directement impliquées dans le Projet.

Les paysans ont augmenté leurs productions de manière insoupçonnée. Ils sont maintenant capables d’assurer l’alimentation familiale et vendre des surplus pour mieux subvenir aux besoins quotidiens, à la scolarité des enfants et aux soins médicaux. Les producteurs se sont professionnalisés techniquement et organisés pour se regrouper en associations qui gèrent leurs principales filières de commercialisation. En effet, ces deux associations sont aujourd’hui autonomes dans la gestion de leur dépôt et de leur moulin, qui enregistrent des recettes régulières permettant leur autofinancement.

D’autre part, les producteurs diversifient leurs activités avec de l’apiculture, du transport attelé et une production de charbon de bois débutée en 2017 pour les sites les plus anciens (acacias âgés d’au-moins 7 ans). Les parcelles mises en culture dans un premier temps ont laissé la place à des plantations d’acacias qui totalisent environ 1500 hectares et représentent la future source d’approvisionnement en charbon de bois des villes de la Province.

Par ailleurs, la mise en valeur des savanes par un labour, une pratique agroforestière systématique et l’implication de communautés villageoises constituent une sécurisation des zones de production dans le long terme. L’implication des autorités coutumières et administratives est un appui pour la continuité des activités, elle représente une appropriation à tous niveaux et laisse imaginer une duplication des activités. En effet, on assiste aujourd’hui autour de Gungu à une distribution des terres agricoles raisonnée au profit de familles d’exploitants autochtones engagés dans une agriculture durable pour de meilleurs résultats contribuant au développement des communautés locales. Ce changement de comportement des gérants traditionnels des terroirs villageois est le résultat d’un dialogue encouragé par le Projet entre les chefs coutumiers et les entités administratives de base qui ont été sensibilisées et formées à ce travail.