Entre 1977 et 1984, le Centre forestier de KINZONO (CFK) a travaillé sur l’identification d’une espèce arboricole adaptée au milieu écologique des Batéké pour implanter des plantations forestières sur les sols sablonneux de savane. Les résultats de ces travaux ont permis de nommer l’acacia auriculiformis comme le plus performent pour développer une plantation dédiée au bois énergie.

A partir de 1987, l’Etat en concertation avec les chefs de terre d’après la coutume, concède 8000 ha non loin du CFK, pour développer un Projet de plantation. Sur financement de la CEE, une société privée hollandaise (HVA) prend le marché. Un centre de vie est construit pour accueillir 500 travailleurs avec tout le matériel et les infrastructures nécessaires aux travaux de plantation. Une pépinière de 6 ha est aménagée, plus de 8 millions de plantules d’acacia mais aussi d’eucalyptus sont produits entre 1987 à 1993 pour boiser 8 000 ha de savane pure. Les moyens mis en œuvre, les techniques innovantes de conduite de pépinière et de plantation, contribuent à la réussite du projet.

En raison des événements politiques de 1993, HVA n’a pu participer au démarrage de l’exploitation des arbres et à la production de charbon de bois, comme prévu dans le contrat qui l’avait fait venir. La société hollandaise ferme définitivement ses bureaux à Kinshasa en 1993, mettant ainsi fin aux activités au plateau Batéké.

En 1981 la Fondation Hanns Seidel signe un contrat avec la Ministère de l’Environnement et se voit confier la responsabilité d’organiser le suivi de la plantation. Elle recrute une équipe pour organiser l’entretien des pare-feu, le fonctionnement de l’école primaire et l’entretien du centre. Le matériel prévu dans le projet initial pour la transformation du bois en charbon est au port de Matadi. La FHS s’occupe de le faire sortir de douane et l’achemine à Mampu où il est monté ainsi qu’un grand hangar de stockage.

En 1997, l’idée nait de faire de Mampu un projet de développement au profit d’une population qui sera chargée de l’exploitation des arbres et leur de renouvellement. Un programme de recrutement des fermiers est alors mis en œuvre, ainsi que l’encadrement des premiers fermiers implantés. Le CADIM après s’être beaucoup impliqué dans la lutte anti incendie de la plantation et à l’entretien du centre, sera le premier acteur de ce programme. 250 fermes de 25 ha seront ainsi distribuées à des familles de volontaires en six promotions entre 1997 et 2001.

En 2004, l’Union Européenne relance son programme de coopération avec la RDC, la Fondation Hanns Seidel propose une action intitulée : « Contribution à la relance de la production agricole à Mampu ».

L’objectif de ce premier projet est l’amélioration du niveau nutritionnel de la population de Kinshasa par une augmentation de l’approvisionnement des marchés de la ville. Pour cela l’action travaille sur l’augmentation et la diversification des productions de Mampu, mais aussi sur l’amélioration du niveau de vie de la population de Mampu et le perfectionnement technique des producteurs.

La mise en commun des diverses expériences ainsi que l’observation sur le terrain ont permis d’élaborer une technique d’exploitation de la forêt innovante qui permet le renouvellement des arbres grâce à la régénération naturelle assistée (RNA) lors d’une mise en culture immédiate des espaces exploités après l’abattage : l’agroforesterie avec l’acacia est née à Mampu. Cet aspect va permettre à la Fondation Hanns Seidel d’engager de nouveaux programmes pour multiplier l’agroforesterie en milieu villageois puisque que sa durabilité a été démontrée.

En découlent des formations techniques sur la gestion agricole, forestière, économique et communautaire dispensées à la population pour une meilleure prise en charge de la plantation par la communauté constituée de tous les fermiers. Le soutient au système associatif a été une préoccupation permanant ; il en résulte :

  • une association regroupant tous les fermiers volontaires (UFAM) ;
  • un regroupement des producteurs de miel (RAMA) ;
  • une structure coopérative d’épargne et de crédit (FAIDEC).

Sur les acquis de cette première expérience, un deuxième projet est lancé en 2007 qui a permis de continuer le renforcement de la communauté de Mampu et d’exporter l’acacia en dehors des frontières de Mampu. En effet, dans le projet les groupes bénéficiaires ont été élargis à tous les villages du plateau. C’est ainsi, qu’il a été démontré que le système d’association des cultures derrière une plantation d’acacia tel que mis en place à Mampu avec des gros moyens, peut également être reproduit par des populations villageoises, constituant ainsi un modèle de développement rural durable.

Enfin, depuis 2009, Mampu connait une phase d’autonomisation, où la population des producteurs est responsabilisée pour faire fonctionner les biens communautaires et organiser l’exploitation de la plantation de façon individuelle sur chaque bloc boisé devenu ferme. Au sein de leur association l’ensemble des producteurs gère :

  • la distribution d’eau potable (2 forages et un aménagement de source)
  • la commercialisation de la production de manioc de Mampu
  • la gestion du centre urbain et son marché
  • la gestion de l’ensemble du domaine et de chaque ferme en particulier (rythme d’abattage des arbres, entretien des pare-feu, …)

Le support de l’UE, la volonté du ministère de l’environnement et l’implication de la Fondation Hanns Seidel ont permis de démontrer qu’un projet de développement au profit des populations urbaines et rurale peut aboutir à une réalité durable et bénéfique pour l’environnement, mieux qu’on n’aurait pu l’imaginer à la genèse de ce projet aux objectifs agro-industriels.

Depuis Mampu, l’agroforesterie qui associe l’acacia aux cultures en savane s’impose comme une solution pour :

  • la protection des écosystèmes forestiers par la production charbon de bois et redynamisation des sols en savane ;
  • l’amélioration des conditions de vie en zone rurale et donc la baisse du flux migratoire vers les grands centres urbains ;
  • la sécurisation de l’approvisionnement en bois énergie et vivriers sur les marchés des grandes villes.